BORDERLINE - °2016 / 2020
The project obtained ‘Le Prix de la Ministre de la Culture’ - 18th PNPO, May 28th 2021 - Musée de la Photographie, Charleroi.be
Het wezen van de grens
Het bestaan zelf is maar mogelijk in haar begrenzing. Door het sterven, door de beperking in de tijd definieert zich het leven. Door onze lichamelijke aanwezigheid zijn we een zelf
in de ruimte. De grens geeft de eigenheid aan, de kanteling tussen bekend en verschillend. Het is de lijn vanwaar het verlangen naar het andere vertrekt, waaruit de verwondering
en verrassing ontstaan.
Deze afscheiding toont zich op het land vaak door zogenaamde natuurlijke grenzen, zoals zeeën, rivieren en bergen die de doorgang vertraagden. Deze grenzen zijn veranderlijk
in de geschiedenis, ze zijn bevochten, veroverd, verloren en beweend. Bij wijlen zijn ze helemaal vergeten. Om de herinnering te verstevigen construeert de mens bouwwerken, monumenten, nederzettingen, vestingen. Zij zijn randfenomenen, afboordingen, getuigen van de eindigheid. Zij doen uitkijken naar het vreemde, soms met angst, soms met begeren. Vaak zijn het oorden van passionele dromen, van bevrijding uit geketende noodlottigheid, van hunkering naar oneindigheid. Soms zijn het plekken van gastvrijheid, uitnodigend en open. Soms zijn het plaatsen van tijdelijkheid, springplanken naar de overkant, oorden van niet-willen-zijn. Soms zijn het symbolen van eeuwigheid, van voortdurend willen bewijzen
van eigenheid. Meestal wordt de mens gespleten tussen deze tegenstrijdige driften, het behouden of het veranderen, het nestelen of het ontdekken, het bewortelen of het uitzaaien.
Aan de grens toont zich deze fundamentele tweespalt ten volle, omdat het object van begeerte rechtstreeks in zicht is.
In de verte.
Schijnbaar voor het grijpen.
Dirk De Wachter, Augustus 2020
The essence of the boundary
Existence itself is only possible within the limits of its own boundaries. Life is defined by dying and by the sheer limitation of time. Through our physical presence, we are a self in space. The boundary indicates individuality, the tipping point between what is known and what is different. It is the line from which departs longing for the other and from which wonder
and surprise come into existence.
This separation often shows itself on the land by so-called natural boundaries, such as seas, rivers and mountains that have slowed existence down. These boundaries change through history; they have been fought over, conquered, lost and mourned. At times, they have been completely forgotten. So, to strengthen our memory, we construct buildings, monuments, settlements, fortresses. These are but peripheral phenomena, distractions, witnesses to the finite. They make us look forward to the unknown, sometimes with fear, sometimes
with desire. Often, they are places of passionate dreams, of liberation from chained fatality, or longing for infinity. Sometimes they are places of hospitality, inviting and open.
Sometimes they are places of temporality, springboards to the other side, places of not wanting to be. Sometimes they are symbols of eternity, of constantly wanting to prove individuality. Most of the time, we are divided between these conflicting urges, preserving or changing them, nesting or discovering, rooting or sowing.
When we come to the boundary, this fundamental discord manifests itself to the full, because the object of our desire is before us, directly in sight.
Far away in the distance.
Yet apparently there for the taking.
Dirk De Wachter, August 2020
« Ses livres de photographies présentaient tout à la fois une rigueur pure et un humour pince-sans-rire... ».
William Jenkins à propos de l'oeuvre d'Edward Ruscha
En avril 1935, le galeriste new-yorkais Julien Levy réunissait sous l'intitulé Anti-graphic photographs les images d'Henri Cartier-Bresson, de Manuel Alvarez Bravo et de Walker Evans. Comme le titre de leur exposition l'indiquait, ces trois jeunes artistes partageaient un même rejet de la photographie comme « art graphique » très en vogue à l'époque. À cette conception esthétisante, ils préféraient une pratique en prise directe avec le réel, car il leur importait avant tout d'offrir une lecture du monde tel qu'il leur apparaissait.
Près d'un siècle plus tard, le présent travail d'observation du littoral français par Paul D'Haese aurait tout aussi bien pu revendiquer la qualité « d'anti-pittoresque ». En effet, ces vues réalisées entre Bray-Dunes et Le Havre forment le parfait contre-exemple des paysages susceptibles d'être peints pour leur beauté convenue. À l'inverse des représentations picturales d'une nature idéale, elles nous montrent avec insistance toute la trivialité de régions côtières fondamentalement transformées par la modernité.
En ce sens, elles prolongent à leur manière les avancées de l'exposition New Topographics : Photographs of a Man-Altered Landscape organisée à la George Eastman House de Rochester en 1975. Une exposition-manifeste qui consommait la rupture entamée par Walker Evans dès les années 1930 avec l'esthétique du sublime qui était celle des paysagistes américains depuis le 19e siècle. À l'instar de ce que disait le commissaire William Jenkins des photographies de Robert Adams, Stephen Shore, Lewis Baltz ou Ed Ruscha, ces vues sont « dépouillées de tout artifice artistique, réduites à l'état de simples documents topographiques et riches en informations visuelles... ». Surtout, elles semblent faire de la disparition du cadre naturel leur sujet.
Bien que très peu disert sur son travail, Paul D'Haese se plaît à le comparer à celui d'un sculpteur. Témoignent ici de cette quête de la troisième dimension les quelques maquettes réalisées par ses soins et disséminées dans ce livre. La profondeur spatiale ainsi suggérée est en parfaite cohérence –c'est à souligner – avec des images qui interrogent les formes d'un bâti hétéroclite, sédiment de l'activité humaine. Elle offre surtout une belle métaphore d'une démarche qui invite à une lecture approfondie plutôt qu'à une contemplation en surface. Une lecture critique énoncée par le titre Borderline, terme qui signifie « à la lisière », « à la limite ».
La lisière du littoral bien entendu, mais aussi la limite entre ce qui a du sens et ce qui paraît ne pas en avoir. C'est ainsi que le vaste panorama de la bande côtière déroulé ici se dévoile progressivement, d'images en images, comme une zone grise de la raison. Au fil de la série, tout y semble de plus en plus biscornu, mal agencé, bricolé, comme inspiré par un urbaniste paranoïaque. Dans cette région frontière traditionnellement de grand passage, on ne voit personne comme si les habitants s'étaient terrés chez eux par crainte d'une déferlante migratoire. Très souvent les bâtisses aux fenêtres murées, ou à tout le moins aux volets fermés, prennent l'aspect de blockhaus de sinistre mémoire. Les falaises, parapets, murailles et autres clôtures achèvent le tableau – si l'on ose dire –des marches de France, mais aussi d'Europe à l'heure des grands bouleversements planétaires.
Nous ne sommes plus en ces temps d'insouciance qui avaient inspiré Les vacances de Mr Hulot à Jacques Tati. Prises sur la même façade océane que le lieu de tournage enchanteur de ce film, les photographies de Paul D'Haese traduisent une ambiance qui n'est plus celle, confiante et enjouée, de l'après-guerre, mais plutôt celle d'un repli craintif. Elles forment une fable d'aujourd'hui qui pointe avec humour – il en faut beaucoup en la circonstance – le côté absurde d'une époque où l'on tend de plus en plus à voir en ce littoral un nouveau « mur de l'Atlantique ». Une fable visuelle magistrale, que l'on n'espère pas prémonitoire, sur le désert que peut devenir un pays qui se ferme.
Jean-Marc Bodson, Aout 2020
“His books of photographs demonstrated both pure rigour and tongue-in-cheek humour...”.
William Jenkins about the work of Edward Ruscha
In April 1935, the New York gallery owner, Julien Levy, brought together the pictures of Henri Cartier-Bresson, Manuel Alvarez Bravo and Walker Evans in a show under the title of Anti-graphic photographs. As the title of their exhibition suggests, these three young artists shared the same rejection of photography as a “graphic art”, which was very much in vogue at the time. Instead of this aesthetic concept, they preferred a practice that was in direct contact with reality, because it was important to them, above all, to provide an interpretation of the world as they saw it.
Almost a century later, this work by Paul D'Haese, observing the French coastline, could just as easily claim to be “anti-picturesque”. Indeed, the shots taken between Bray-Dunes and Le Havre constitute the perfect counterexample of landscapes worthy of being painted for their agreed beauty. Unlike depictions of idyllic nature, they persistently show us details of the triviality of the coastal regions that have been fundamentally transformed by modern life.
In this sense, they prolong in their own way the advances made by the New Topographics: Photographs of a Man-Altered Landscape exhibition held at George Eastman House in Rochester in 1975. An exhibition-manifesto that consummated the break, begun by Walker Evans in the 1930s, away from the aesthetics of the sublime that had been the domain of American landscape painters since the 19th century. As commissioner William Jenkins said of the photographs by Robert Adams, Stephen Shore, Lewis Baltz and Ed Ruscha, these views are “stripped of all artistic artifice, reduced to the state of simple topographical documents, rich in visual information...”. Above all, they seem to make the very disappearance of the natural environment their subject.
Although not especially forthcoming about his work, Paul D'Haese likes to compare it with the work of a sculptor. The few models produced by him and given a wider audience in this book, bear witness here to this quest for the third dimension. The spatial depth suggested in this way is perfectly consistent – and this should be emphasised – with the images that question the forms of a heterogeneous building, the sediment of human activity. In particular it offers a beautiful metaphor for an approach that invites in-depth reading rather than surface contemplation. A critical reading set out by the title Borderline, a term that denotes being “on the edge” or “at the limit”.
The edge of the coastline, of course, but also the limit between what has meaning and what does not seem to have any. This is how the great panorama of the coastal strip, unrolled here, is gradually revealed, from image to image, like a grey area of reason. As the series progresses, everything seems increasingly quirky, poorly arranged, tinkered with, as if inspired by a paranoid town-planner. In this border region, traditionally an area of great migration, no one is to be seen, as if the inhabitants are all holed up in their homes for fear of a migratory surge to come. Very often, buildings with bricked up windows, or at least with the shutters closed, take on the appearance of blockhouses of more sinister memory. The cliffs, parapets, walls and fences complete the picture – if we dare say it – of the unfolding of France, as well as Europe, at a time of great planetary upheavals.
We are no longer in those carefree times that inspired Jacques Tati to make Les vacances de Mr Hulot. Taken along the same oceanfront as the enchanting location for this film, the photographs of Paul D'Haese reflect an atmosphere that is no longer the confident and cheerful one of the post-war period, but rather one of a fearful withdrawal. They form a contemporary tale that points out with humour – of which much is needed under the circumstances – the absurd side of an era in which we tend increasingly to view this coastline as a new “Atlantic wall”. It is a masterful visual tale, which we hope is not a premonition, about the desert that a country that closes itself off can become.
Jean-Marc Bodson, August 2020
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PRESS
@ Arts-Libre, “Antipodes photographiques”, Jean-Marc Bodson, 09/09/2020
@ Le Soir, “Paysages sur le fil”, Jean-Marie Wynants, 08/10/2020
@ Bruzz, “La côte imaginaire”, Gilles Bechet, 22/09/2020
@ De Standaard, “Bouwkundige anarchie”, Inge Schelstraete, 24/09/2020
@ De Tijd, “Beeldverhaal”, Ann Welter, 07/07/2021
@ L’Oeuil de la Photographie, John Devos, 01/109/21
@ The Art Couch, Yves Joris, Oct. 2021
@ EOS, Psyche & Brein, Feb. 2022
BORDERLINE SERIES - PHOTOBOX
Containing 10 selected photos from the “BORDERLINE” series
Archival Fine Art prints
15 x 21 cm - 2,5
Signed and numbered
Limited edition, 100 copies
Can be obtained @ webshop HANGAR PHOTO ART CENTER
“With Borderline, the Belgian artist Paul D’Haese explores the coastal strip from Bray-Dunes to Le Havre.
His photographs of the chaotic built-up landscape with its blind walls, parapets and fences ironically depict
this coastline as a new “Atlantic wall”.
In this, they form a masterful visual fable about the desert that can become a country that closes itself off.”
Jean-Marc Bodson